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16 octobre 2018 2 16 /10 /octobre /2018 08:51

J’aime les petits matins de printemps, la brume encore présente laisse entrapercevoir le soleil qui émerge de la mer, là-bas, à l’est où on ne devine même pas le continent. J’aime savoir qu’il est là, cela me rassure, mais ne pas le voir me donne l’illusion que je suis seule au monde.

J’aime l’idée que la mer m’entoure, me protège, cocon magique.

En ces petits matins, les promeneurs ne m’ont pas encore envahie, et je suis détendue, avec uniquement le bruit du ressac de la mer sur mes rochers bruns couverts de varech. Les mouettes sont encore paresseuses et ne me crient pas après. Un presque silence.

Je m’ébroue lentement pour ne pas me réveiller trop vite, paresseuse en cette fraiche journée d’avril.

Une mouette, une autre, suivie d’une troisième apparaissent timidement de peur de m’effrayer.  Sur la lande, au-dessus de la dune, un lapin sort de son terrier et gambade joyeusement.

Je ne suis pas grande, mais j’abrite tout de même une faune importante venue je ne sais comment, ma mémoire ancestrale me joue des tours et je peine à me souvenir de tous ces petits détails.

La brume se dissipe, j’entends un bruit de moteur venant de la mer, un bruit qui coupe mon silence et me fait comprendre qu’il est temps que je m’ouvre à la vie.,

Les pêcheurs viennent ramasser les nasses qu’ils m’ont laissées hier avec des petits drapeaux fièrement érigés pour les rappeler à leur bon souvenir et j’entends leurs interpellations et leurs voix rocailleuses qui auraient trop fumé de cigarettes. J’espère qu’ils ne vont pas lancer leurs mégots sur moi. Je déteste que l’on me salisse.

Le soleil se hausse dans le ciel bleu et m’inonde d’une légère chaleur bienveillante.

Un voilier apparaît et vient se glisser sans bruit dans une de mes criques, il jette l’ancre et quatre de ses navigateurs viennent s’élancer sur la dune en se parlant joyeusement. J’espère qu’ils ne vont pas me laisser des papiers gras partout. Non, ils ont l’air bien élevés. L’un d’entre eux marche le long de ma plage, le regard rivé par terre et se penche régulièrement pour mettre quelque chose dans sa large poche. Encore un pilleur de pierres. Je suis assez généreuse pour lui permettre d’amasser un petit butin, j’ai encore beaucoup de ressources dans mon sol. Et j’adore que l’on m’admire. Les autres navigateurs, eux, se contentent de m’admirer. Je me rengorge de plaisir.

Je n’ai pas vu le temps passer avec toutes ces visites. D’ailleurs ils repartent à présent, leur voilier glisse sans bruit dans le soleil couchant. Je me retourne vers l’ouest pour admirer son rougeoiement qui, une fois encore, m’enchante.

Avec tout cela, je n’avais pas remarqué que les mouettes s’étaient multipliées et volaient d’un côté à l’autre de mes côtes en jacassant. Allez, mes belles, il est temps d’aller vous coucher et de me laisser me reposer de toute cette agitation. Je dois réfléchir à la journée de demain. J’espère que la brume ne sera pas trop épaisse et qu’aucun bateau ne s’abîmera sur mes rochers.

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